Affaire Germain Katanga : la CPI a jugé le complice, à quand le jugement de coupable ? s’interrogent les victimes de Bogoro

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Par Sarah Abibo
La province de l’Ituri a connu des troubles sécuritaires dans les années 1999 à 2003. Pendant cette période de l’insécurité, plusieurs personnes en ont été directement affectées, car ayant perdu pour certains et pour d’autres, des proches, leurs parents, leurs enfants et des membres de famille.
En date du 24 février 2003, des miliciens conduits par Germain Katanga ont fait irruption dans le village Bogoro, en territoire d’Irumu dans le secteur de Bahema Sud. Ce jour-là, ces hors-la-loi sous son commandement ont tué, pillé, violé et incendié des maisons d’habitation et quelques écoles.
Quelques années plus tard, Germain Katanga était arrêté puis jugé par la cour pénale internationale, CPI. Lors de la sentence, il a été reconnu coupable et complice des actes commis sur les civils en cette date. Il a été condamné à 12 ans de prison et à payer une amende de un million de dollars américains comme dommage aux survivants de ces massacres. Étant dépourvu des moyens, les états membres de cette juridiction ont pu renverser ce montant au fonds au profit des victimes, FPV, pour la réparation de ses préjudices.
La réparation étant finie, la cérémonie de clôture est intervenue à Bunia, le mercredi 24 avril 2024. Lors de cette cérémonie les victimes ont tout de même placé quelques mots aux juges de la CPI présent dans la salle.
« Nous sommes conscients que pour beaucoup d’entre vous la vache se résume à un animal possédant une certaine valeur économique. Il n’en est pas ainsi pour nous les Hema, la vache est l’élément central de notre culture et de notre vie. Dépouillé donc de vaches, nous ne savons plus régler nos conflits internes, nos jeunes ne savent plus se marier, nos enfants souffrent de la malnutrition… Mr. le juge, nous regrettons que votre cour n’ait pas pris en compte cet aspect de crimes dans votre jugement » a lu le représentant des victimes dans son allocution.
À lui d’ajouter :
« Si Germain Katanga a été reconnu complice de ces crimes, la cour ne nous a jamais désigné le coupable. La CPI a jugé le complice, quand sera jugé le coupable ? » s’est-il demandé dans cette allocution.
En réponse à ce questionnement, Mr. Perrin de Brichambaut, juge à la cour pénale internationale, a précisé que sa juridiction n’a pas pu arrêter les vrais coupables de ces massacres.
« Les juges ne statuent que sur le cas que leur propose le procureur mais pas les autres. Katanga n’étais pas le seul impliqué mais on n’avait pas saisi les autres donc il n’ont pas statué sur les autres,» a laissé entendre Mr. Perrin
Depuis la prise de l’ordonnance de répartition dans cette affaire, des centaines de victimes étaient impatientes de voir sa matérialisation. Il faut dire que malgré la répression par la CPI des crimes commis en Ituri dans les années 99-2000, des massacres continuent encore à se commettre, notamment avec la naissance de plusieurs groupes armés ces cinq dernières années.
