Bunia : «Depuis l’incendie, les enfants sont coincés, entassés et ont besoin d’être à l’aise», Victorine Moto de l’orphelinat « la compassion »

Par Janviette Isenge
De la compassion, de l’amour et de solidarité, des mots qui peuvent apporter sourire et joie dans le cœur de plus de 73 enfants hébergés à l’orphelinat
« La compassion », situé au quartier Lengabo en ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.
En effet, depuis l’incendie qui a ravagé le bâtiment abritant cette structure de charité le mercredi 27 novembre 2024, ses gestionnaires ne cessent d’appeler à l’aide en faveur des enfants qu’ils hébergent. Leur condition de vie est lamentable, vivant entassés, mélangés, bébés, filles et garçons dans une maison où un bon samaritain leur a donné en attendant la réhabilitation de leur bâtiment.
« Des enfants vivaient bien dans leur maison, d’un coup l’incendie est survenu et a décimé toute la maison. Depuis l’incendie, les enfants sont perturbés, coincés, entassés et obligés d’être mélangés, alors que dans notre bâtiment, ils étaient séparés, des filles à part et des garçons de leur côté. En tout cas, les enfants ne sont pas dans leur bain et ils ont besoin d’être à l’aise », indique Madame Victorine Moto chargée d’encadrement de ces enfants qui ne sait que faire d’autres face aux difficultés que rencontre l’orphelinat.
Du sourire à ces enfants orphelins grâce au groupe « vivons pour les autres
Ces enfants que j’ai visités, ont besoin de notre soutien et de notre amour. En leur montrant de la compassion et en leur offrant un soutien solide, nous pouvons les aider à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés.
C’est dans ce sens que l’organisation « Vivons pour les autres« , une structure qui regroupe des jeunes étudiants, des travailleurs, pères et mères des familles est allée remettre des vivres et non vivres vers la fin du mois février dernier à cette structure.
« Nous sommes venus visiter les enfants avec le peu que Dieu a disponibilisé. Nous sommes venus apporter un sourire à ces enfants en difficulté », avait déclaré Monsieur Kevine président de cette organisation. Un geste qui a permis de répondre tant soit peu à des besoins pressants en matière de nutrition et de vêtements pour ces enfants.
La rubrique « Urgences » devrait être insérée dans le budget des ONG
Venir en aide, je pense, aux nécessiteux, aux sans-abris, aux orphelins et aux personnes vulnérables devrait être inséré dans une rubrique spéciale consacrée aux « Urgences » au budget de chaque organisation non gouvernementale œuvrant dans la province de l’Ituri. Ça serait justement pour répondre à des cas d’urgences comme ceux-ci, c’est-à-dire assister les enfants qui ont tout perdu lors de l’incendie de leur bâtiment.
Finalement que font toutes ces ONG ?
Personnellement, je loue les efforts que fournissent diverses organisations internationales humanitaires qui interviennent dans plusieurs secteurs en République Démocratique du Congo. Cependant, certaines parmi ces organisations non gouvernementales ne me convainquent pas. Je ne sais pas ce que font concrètement certaines d’entre elles qui sont installées ici en Ituri, précisément en ville de Bunia où il est presque impossible de rester une heure du temps sans voir passer un engin d’une organisation humanitaire internationale. Cela vous ferait croire que ces organisations travaillent beaucoup. Pourtant sur le terrain, on ne voit pas grand chose en termes d’impact de leur intervention ni en ville ni à l’intérieur de la province.
Nous comptons plusieurs structures locales ici dans la ville qui encadrent des veuves, des personnes vivant avec handicap, des déplacés de guerres et des enfants orphelins et abandonnés qui ont besoin d’assistance. Elles ne vivent que des collectes des dons, des vivres et non vivres venant des personnes de bonne volonté, des organisations locales des jeunes.
Elles devraient être appuyées logiquement par ces organisations internationales, mais malheureusement presque tout leur argent semble être plutôt dépensé dans des ateliers, des formations, des enquêtes, parfois d’aucune urgence. Et pendant ce temps, la pauvreté de nos populations demeure inchangée. Seules les conditions de vie des agents de ces organisations s’améliorent.
L’Etat Congolais absent ?
En ce qui concerne les interventions d’urgence, le gouvernement congolais, les autorités congolaises, ont une grande part de responsabilité. Souvent elles ne sont pas là, ces autorités, exactement là où elles devraient être pour sauver la situation. Des initiatives prises par certaines organisations locales sont, au fait, la conséquence de l’inaction, de la passivité de certaines autorités de mon pays.
Comment ne pas venir en aide à une structure comme celle-ci qui héberge des enfants orphelins et abandonnés qui devraient être en principe sous votre responsabilité ? Si l’Etat pouvait juste leur doter d’un bon bâtiment, des nourritures, des vêtements, des jouets et tout le nécessaire pour leur confort comme ils ont tout perdu dans l’incendie. Ce geste pourrait changer leur vie et leur donner raison de croire encore en l’avenir.
