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Crash d’avion à Mahagi : la peur de voyager à bord des «cercueils volants» et d’atterrir sur des pistes non viables

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Par Gloire Mumbesa 

En territoire de Mahagi, l’atterrissage raté d’un petit porteur la journée de vendredi 5 avril 2024 sur la piste de l’aérodrome Zale de la commune rurale de Mahagi, faisant des blessés et l’endommagement de l’appareil, m’a fait beaucoup réfléchir sur les conditions de nos avions qui survolent notre espace et la qualité de nos infrastructures aéroportuaires.

Suivant les explications de la raison de cet incident, j’ai tout simplement conclu que l’insécurité n’est pas seulement routière, elle est aussi aérienne.

Le pilote qui n’avait visiblement pas une bonne connaissance de cette piste de 1000 mètres de longueur, a commencé l’atterrissage en plein milieu de la piste. Quand il s’est rendu compte qu’il ne lui restait que quelques mètres à parcourir et qu’il aurait du mal à manœuvrer pour stopper l’appareil, il a décidé de remonter pour faire un nouvel atterrissage lorsque l’une de ses ailes s’est heurtée contre un avocatier et l’incident est arrivé.

Des accidents dus au manque d’infrastructures aéroportuaires viables

Dans mon pays, nous avons plusieurs infrastructures aéroportuaires hors normes. Des aéroports et aérodromes ne répondant pas aux normes de l’organisation de l’aviation civile internationale. Par manque d’infrastructures aéroportuaires adéquates, certaines compagnies aériennes ne veulent pas exploiter d’autres lignes nationales. D’autres compagnies qui desservaient déjà plusieurs villes du pays, ont tout simplement suspendu leurs activités.

Ne parlons même pas des aérodromes qu’on risque de confondre aux terrains de football.

Les pistes de nos aérodromes sont construites en majorité en terre battue avec peu d’espace en longueur tout comme en largeur. Ce qui laisse une petite chance au pilote de se défendre lors d’une défaillance technique. Si l’aérodrome de Mahagi répondait aux normes, peut-être qu’il allait sauver cet appareil qui est gravement endommagé.

Un autre cas similaire s’est produit le 18 mars dernier à l’aérodrome de la ville commerciale de Butembo dans la province du Nord-Kivu. Un petit avion de la compagnie CETRACA en provenance de Goma, a fait une sortie de piste à son atterrissage à l’aérodrome de Rughenda. Il avait à son bord une dizaine de passagers dont certains sont sortis blessés.

Ces deux accidents rappellent une fois encore les dangers inhérents au transport aérien. Malgré toutes les mesures prises pour assurer la sécurité des vols, il reste toujours une part d’imprévisibilité qui peut malheureusement causer des accidents tels que ceux-ci.

Des cercueils volants interdits dans d’autres pays, mais autorisés dans mon pays

Il est vrai que les crashs d’avions sont des accidents comme tant d’autres qui peuvent survenir n’importe où au monde, cependant ceux qui arrivent dans mon pays, à mon avis, sont liés à l’état vétuste de nos appareils volants. La quasi-totalité des aéronefs qui circulent sur notre espace aérien, sont fatigués par le poids de l’âge et que leur maintenance laisse à désirer.

On les considère parfois comme des cercueils volants parce qu’ils ont l’air d’avoir l’âge de plus de 50 ans, nombreux sont ces avions qui font souvent de vol national. En tant que passager, ne soyez pas étonnés d’entendre le claquement des mains et applaudissements des autres passagers lorsque votre avion réussit son atterrissage. Vous entendez des mots comme merci Seigneur ou gloire à Dieu sortir de leurs bouches. Bien qu’ils sont montés à bord, ils ne croyaient pas arriver à destination. C’est tout à fait normal qu’ils exultent.

Des avions interdits de voler dans des espaces des autres pays à cause de leur vétusté ne doivent plus être autorisés à survoler notre espace au risque de mettre la vie de congolais en danger. En mettant un peu de sérieux dans le travail de l’autorité de régulation du transport aérien, on peut éviter des crashs et tous les autres de ce genre parfois qui nous rendent ridicules.

Un peu de sériosité dans ce secteur

Comme les infrastructures sont les indicateurs importants pour un pays qui veut son développement, il est important que le gouvernement congolais développent des stratégies pouvant permettre le désenclavement du pays et favoriser sa relance économique. Les infrastructures aéroportuaires doivent être parmi ses priorités parce qu’il en va de notre réputation.

Gloire Mumbesa

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