loader image

Des agences de voyages poussées au chômage à Bunia, Suite à l’insécurité et impraticabilité des routes

Getting your Trinity Audio player ready...

A Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, il y a beaucoup d’agences de voyage qui sont au chômage à porte ouverte. En tout cas, entre confinement de l’an dernier dû à la pandémie de covid-19, l’impraticabilité de différents tronçons routiers de la province et l’insécurité causée par des groupes armés, il n’y a qu’un choix : espérer au bon Dieu. Pendant ce temps, payer les taxes est un devoir, le débrouillage est une logique pour les chauffeurs déjà sans travail et ouvrir les portes de l’agence sans aucune activité pouvant leur permettre de renflouer leur caisse, n’est rien d’autre qu’une habitude imposée.

L’insécurité sévit en Ituri depuis des années, on en parle chaque jour et c’est devenu un mode de vie pour cette population meurtrie. Et des groupes armés ne cessent de changer des tactiques d’opérerations pour tuer, kidnapper et incendier des biens avec des conséquences incalculables sur la vie socio-économique de la population. La pandémie de covid-19 a obligé certains pays à fermer leurs frontières l’année passée, cela a eu d’effet sur les activités des chauffeurs travaillant avec des agences de voyages qui se sont malheureusement, elles aussi, retrouvées sans activité soit elles ont été obligées de ralentir leurs activités. Et l’insécurité n’a été qu’une goutte d’eau qui est venue faire déborder le vase, cas de l’agence de voyage « Na Ngolu Coach » qui a dû fermer ses portes depuis 2020.

Tout un système bouleversé

Eh! Oui, penser et agir autrement s’invitent. Pour l’Association des Transporteurs et des Chargeurs au Congo, ATCC en sigle, c’est un partenariat gagnant-gagnant qui est mis en péril face à toutes ces réalités.

« Les agences de transports sont nos partenaires, en cas de problème nous leur venons en aide, mais aujourd’hui ce sont leurs engins qui sont détruits voire brûlés. Nous continuons à leur venir en aide, mais juste de manière symbolique », témoigne Dieu-donné Mungunuti, Responsable Provincial de l’ATCC.

Economiquement parlant, que se passe-t-il ?

Certaines agences de voyages ont carrément changé d’itinéraires, question de maintenir leurs activités, c’est le cas de l’agence de voyages « Merveille » qui offrait ses services sur la route Bunia-Kilo longue d’une cinquantaine de kilomètres dans le territoire de Djugu à 40.000 Fc, ou carrément le tronçon Bunia-Mongbwalu, un trajet de plus de 80 Km à 60.000 Fc par passager. Au total, 15 de leurs voitures étaient en circulation au quotidien avec six passagers chacune. En faisant un petit calcul, l’on constate qu’à chaque sortie de ses voitures, elle réalisait sur chacune d’elles un montant allant de 240.000 à 360.000 Fc. Malheureusement depuis deux mois, l’itinéraire a changé en direction d’Aru, au Nord de Bunia. Et cela de manière irrégulière.

Pour l’Agence de Voyages la Colombe, AVC en sigle,

« l’insécurité a impacté négativement nos activités. Avant, 5 à 10 de nos véhicules étaient en circulation par jour sur la RN 27, Bunia-Mahagi-Aru-Arua-Pahida, mais depuis que nous avions été victime d’une attaque d’hommes armés où nous avions perdu un chauffeur et six passagers, deux autres chauffeurs avaient été enlevés avant d’être libérés 3 jours après et plus de sept cas de pillages enregistrés », nous relate Monsieur Henri Upar, Inspecteur de l’AVC.

La plupart de cas, cette agence travaille avec des particuliers. L’agence met des passagers à la disposition des voitures, celles des particuliers et ces particuliers versent 10% de montant reçu à l’agence pour une voiture. Cette opération était possible, il y a quelques mois, mais aujourd’hui, l’irrégularité fait défaut, parce qu’avant de s’engager sur un tronçon routier, il faut suivre les nouvelles et aussi se fier à l’atmosphère.

Le convoi militaire seul ne résoud pas les problèmes des agences de voyages. Le gouvernement provinciale ne devrait-il pas penser et agir autrement face à cette situation pendant cette période ?

Le payement des taxes comme d’habitude, les tracasseries routières devant chaque barrière militaire placée presque tous les longs de routes, sous prétexte de « mwa café », « juste pour le café », ce sont des choses à revoir.

Une agence de voyages qui fait une à deux semaine sans activité, lorsqu’elle s’engage à prendre la route, elle rencontre ces difficultés susmentionnées sans compter les nombres de jours que des véhicules peuvent passer sur des tronçons difficilement praticables. Parfois même ces véhicules sont en attente du convoi militaire et tout cela pour 30$ ou soit 50$ par passager, par exemple pour la route Bunia-Beni ?

L’agence de voyages « Kivu Kwetu » qui prend le tronçon routier Bunia-Beni a carrément suspendu ses activités depuis août dernier, après avoir été victime toujours d’attaque d’hommes armés faisant le bilan d’un chauffeur tué et d’un autre porté disparu en avril, deux voitures incendiées et plusieurs passagers également portés disparus.

Un véritable calvaire pour des agences qui ont besoin d’aide des autorités

Les chauffeurs se résignent de prendre les routes, en tous cas beaucoup d’entre eux. Du coup, ils se débrouillent autrement. D’autres font des navettes de leurs domiciles à leurs agences. Parce qu’ils ont de responsabilités à assurer en tant que pères de familles. Ils ne crient qu’au gouvernement congolais pour mettre fin à leur calvaire. Et justement, la solution est du côté des autorités qui sont sensées garantir leur sécurité, celle des passagers également ainsi que leurs biens.

Prisca Mongita

Prisca Mongita

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page

IK - Ituri Kwetu

GRATUIT
VOIR