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Djugu : aidée par un pharmacien, une fille avorte sa grossesse de 4 mois à Mongbwalu et prend fuite

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Par  Gloire Mumbesa

Les avortements clandestins sont une réalité et beaucoup de femmes surtout de jeunes filles, recourent à cette pratique en République Démocratique du Congo. Récemment, une fille d’une vingtaine d’années qui a bénéficié de l’aide d’un pharmacien a provoqué sa grossesse de quatre mois à Mongbwalu, une commune rurale du territoire de Djugu située à 85 Km de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.

L’histoire de cette fille soulève la problématique de l’automédication et des avortements qui se font de manière clandestine, une réalité légalement punissable et socialement non acceptée. Je vous ranconte l’événement.

Ne pas faire recours à l’automédication pour avorter

Tout commence la journée de jeudi 6 mars 2025 au quartier Dépôt. La fille, apeurée à l’idée de devenir mère de manière inattendue, peut-être rejetée par l’auteur de la grossesse, incapable d’assumer les conséquences ou alors effrayée par les pressions sociales ridicules, décide d’aller voir un pharmacien. Arrivée à la pharmacie, elle expose son problème, pas devant tout le monde, parceque c’est une thérapie qui peut l’écrouer à la justice. Véreux qu’il était, moyennant quelques billets de banque, le pharmacien accepte de lui venir en aide. Il lui fait une piqûre, lui ajoute ensuite tout ce qu’il faut pour avorter et la fille rentre à la maison.

Mais comme tout est fait en cachette, il n’y a pas de suivi, les médicaments commencent à produire leurs effets, quelques heures plus tard dans la soirée. Seule, elle n’y arrive pas. L’injection prise pour dilater le col de l’utérus ne fait pas son effet. Pour éviter le pire, elle se rend à un poste de santé situé au quartier DC6. Comme l’Infirmier Titulaire est son parenté, elle espère bénéficier de son assistance pour avorter mais ce dernier lui fait voir que sa structure n’était pas autorisée à accueillir les femmes enceintes pour leur accouchement. De là, on l’achemine à une structure sanitaire la plus proche, qui a une autorisation de la zone de santé. Grâce à l’intervention rapide des infirmiers, la fille avorte dans la douleur, un fœtus de quatre mois.

S’échapper à la justice n’effacera pas le crime

Consciente de son acte criminel qui peut certainement conduire à son arrestation, elle n’attend pas les prescriptions médicales pour la suite et arrive à disparaître malignement laissant derrière elle, sur la table un fœtus qu’elle a pourtant gardé pendant quatre mois. Les responsables de cette structure sanitaire ont alerté les autorités locales qui se sont vite lancées à sa recherche. Ce n’est que le lendemain que cette fille a été appréhendée au parking pendant qu’elle voulait se rendre à Bunia.

Elle a été ramenée au cachot de la police nationale congolaise qui sert aussi de prison, le parquet près le Tribunal de paix de Djugu. Voyant son état de santé qui se dégradait à cause de saignement, l’on a décidé qu’elle suive le traitement au dispensaire de la police nationale congolaise se trouvant sur le même bâtiment que le cachot. Elle a réussi à tromper la vigilance de tout le monde qui la croyait aller aux toilettes mais c’était plutôt sa disparition.

Il faut réglementer le secteur de pharmacie devenu désordonné

L’homme, le pharmacien ayant aidé cette fille à avorter a été arrêté pour avoir administré une piqûre sans ordonnance médicale. Ce qui n’est pas autorisé pour une pharmacie. Malheureusement c’est une pratique courante dans nos villes où certaines pharmacies ne se limitent plus seulement à vendre les médicaments, elles sont devenues aussi des lieux où l’on soigne des perdonnes malades à moindre coût. Souvent ce sont des infirmiers et médecins sans emplois qui s’adonnent à cette pratique. J’étais stupéfait un jour, dans notre quartier à Bunia, voir une femme se faire perfuser dans une pharmacie.

La société civile locale qui condamnait l’action de cette fille en cavale, aidée par un pharmacien, a appelé la zone de santé de Mongbwalu à réglementer le secteur de pharmacie qui regorge des personnes ne répondant pas aux normes pour travailler dans des officines de pharmacies.

« Vraiment c’est un acte que nous regrettons amèrement chez-nous à la société civile. Le médicament n’est pas quelque chose avec lequel il faut blaguer. Ce que j’ai constaté ici à Mongbwalu, la plupart des pharmaciens sont des charlatans. Ce ne sont pas des gens qui sont passés par le banc de l’école. On ramasse des gens ça et là pour venir les installer dans des pharmacies et n’ont aucune compétence pour vendre les médicaments. Vraiment c’est très risqué pour la santé, la zone de santé doit agir, si non ce sont des vies humaines qui sont exposées. », regrette Jonathan Imbalapayi son président.

Fermer des pharmacies ne remplissant pas les critères

Pour sa part, la zone de santé via son chargé de communication a mis en garde les tenanciers des pharmacies qui continuent à passer à côté de leur mission, en dépit des multiples réunions de remise à niveau initiées par la zone. Doka Ngoyi annonce une descente imminente de l’équipe de supervision sur terrain pour mettre de l’ordre.

« Celles qui ne répondront pas aux normes seront tout simplement fermées », a-t-il promis.

Je soutiens l’idée de la zone afin qu’on organise mieux ce secteur devenu désordonné et qu’il y ait de contrôles rigoureux de toutes ces pharmacies opérationnelles. Celles qui ne répondront pas aux exigences devraient fermer leurs portes. Si le secteur pharmaceutique n’est pas bien organisé, c’est la population qui subira impérativement les conséquences.

Gloire Mumbesa

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