Faut-il continuer à considérer la milice CODECO comme « enfants de la maison » ?

Depuis décembre 2017 la population du territoire de Djugu est victime des exactions commises par la milice CODECO dont les membres sont en majorité d’une seule communauté. Les territoires de Mahagi et d’Irumu n’étant pas épargnés, ces miliciens, munis d’armes à feu et de machetes, proviennent des entités habitées par la population civile pour opérer dans d’autres entités voisines.
Ils sont toujours mélangés avec la population et cela rend souvent la tâche difficile aux militaires FARDC qui mènent les combats contre ce mouvement insurrectionnel. Continuer à considérer cette milice comme enfants de la maison fait à ce que nous continuons à compter des morts et des dégâts matériels incalculables. Ces miliciens font monter leur degré de cruauté en s’attaquant même aux sites de déplacés, des populations sans moyens de défense qui venaient de fuir leurs milieux d’origine.
Ces miliciens disent combattre pour protéger leurs membres de communauté
Lorsque des opérations militaires se font contre les entités où les positions de cette milice sont signalées, on enregistre des sorties médiatiques en cascade, même dans des réseaux sociaux on voit des réactions, de certaines personnes qui condamnent l’attitude des forces de l’ordre, qui selon elles, tuent la population civile pendant les opérations militaires. Comment la population civile peut-elle cohabiter avec un groupe armé réputé pour ses exactions contre l’armée et contre les populations civiles dans les villages voisins ? Ces miliciens disent toujours agir ainsi pour protéger leur communauté tribale dont ils sont membres et la quelle est victime de marginalisation des autres communautés du territoire de Djugu.
Ils ne sont pas nos enfants, nos frères parcequ’ils nous tuent
Malgré l’état de siège instauré par le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi pour mettre fin à l’aventure de groupes armés dans la province de l’Ituri et celle du Nord-Kivu, plusieurs personnes ont été tuées sauvagement et des biens incendiés. Ses victimes se comptent chaque année par des centaines selon l’ONU des milliers, d’après la société civile. Les déclarations des autorités, acteurs politiques et notabilités appelant les miliciens « nos enfants » pour qu’ils cessent avec leurs exactions, ne tombent pas bien dans mes oreilles. Je ne pense pas qu’on puisse appeler, à l’heure qu’il est, « nos enfants », des criminels qui ont rendu plusieurs villages invivable dans le territoire de Djugu. Par leurs violences, ils ont prouvé au monde qu’ils ne sont pas nos enfants parce que jamais son enfant allait tuer ses propres parents, ses propres frères et sœurs.
Ils sont à classer dans la même catégorie que tous les criminels
Ils doivent subir le châtiment de ses parents, donc les autorités congolaises doivent montrer leur suprématie. Je précise que ce n’est pas la milice CODECO qui est le seul groupe armé actif en ituri, il y a aussi des miliciens comme FPIC, maï-maï, des rebelles ADF, le groupe armé Zaïre de l’autodéfense, etc. J’ai préféré parler de la CODECO parceque c’est elle qui a déclenché les violences en territoire de Djugu après plus de dix ans d’accalmie. Cela sent le tribalisme quand ces miliciens disent protéger les membres de leurs communautés.
Les autorités congolaises peuvent donner aussi un ultimatum contre tous ces groupes armés
Dire qu’on doit continuer à traiter ces groupes armés comme nos enfants, pendant qu’ils ont atteint un niveau extrême de cruauté, considéré comme crime contre l’humanité, c’est comme élever un lion dans une parcelle sans cage. C’est un sérieux danger pour toute la population. Je pense qu’en lieu et place de continuer avec des processus qui semblent ne pas intéresser ces miliciens, le gouvernement central devra donner un ultimatum à tous les groupes armés locaux et étrangers actifs en Ituri de déposer les armes. En cas de refus, il devra les classer parmi les rebelles et s’imposer sur eux par des frappes sérieuses qui pourront faire peur à quiconque qui s’hasardera de vouloir créer une milice dans les jours à venir.
Sarah Abibo
