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Suspension de l’aide américaine : défis et opportunités pour la lutte contre les inégalités de sexe en Ituri

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Par Yolande Isosia

La mesure prise, il y a quelques semaines, par le président américain Donald Trump de suspendre l’aide américaine au développement suscite encore des débats dans des pays qui en dépendent, notamment la République Démocratique du Congo qui vit sous perfusion de l’aide internationale depuis plus de 30 ans.

Ce jeudi 3 avril 2025, en ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, le Réseau Genre, Éducation et Développement (REGED), une plateforme regroupant les associations locales impliquées dans l’autonomisation de la femme et le développement durable a organisé dans la salle polyvalente de l’Université de Bunia, une activité de réflexion sur les défis et l’impact que devra avoir cette mesure sur les inégalités de sexe en Ituri. Connaissant déjà que de nombreuses initiatives de soutien aux femmes et aux filles dans la région sont confrontées à des défis sans précédent, ces difficultés cependant, peuvent aussi ouvrir la voie à des stratégies innovantes pour surmonter les obstacles.

L’impact du gel de financement américain en Ituri

Le gel du financement américain dans la province de l’Ituri qui touche directement plusieurs projets de développement, a des conséquences profondes sur les efforts de lutte contre les inégalités de sexe. Les États-Unis sont un partenaire clé dans le financement des projets liés à l’éducation des filles, à la protection contre la violence basée sur le genre et à l’accès à la santé pour les femmes. La suspension de cette aide américaine a mis à mal plusieurs programmes vitaux, forçant des organisations à l’instar de REGED à redoubler d’efforts pour maintenir leurs actions et trouver de nouvelles sources de financement.

L’un des défis importants du gel de ce financements est le retard dans les programmes éducatifs pour les filles. Avec moins de ressources disponibles, les écoles et les initiatives de formation pour les jeunes filles risquent de fermer ou de réduire leurs capacités, privant ainsi des centaines de filles de leur droit à l’éducation. De plus, les services de soutien psychologique et juridique pour les survivantes de violences basées sur le genre, qui étaient largement financés par des donateurs américains, sont également menacés.
Ce manque de ressources met en péril la lutte contre la violence domestique et les mutilations génitales féminines, qui restent des problèmes critiques dans cette région.

Créer des opportunités pour faire face aux défis

Cette journée de réflexion au tour des cadres scientifiques a permi de mettre en lumière des initiatives locales qui pourraient prendre le relais. Les communautés locales, les autorités provinciales et les entreprises privées peuvent jouer un rôle de plus en plus important dans le financement des projets d’autonomisation des femmes. L’autofinancement par les femmes elles-mêmes à travers des coopératives de microcrédit et des entreprises sociales pourraient aussi offrir une solution durable, en réduisant la dépendance à l’égard des financements étrangers.

De plus, les partenariats régionaux avec des pays voisins qui font face à des défis similaires pourraient renforcer les capacités locales pour lutter contre les inégalités de genre. Les organisations féministes en Afrique, soutenues par des fonds locaux et africains, peuvent collaborer pour multiplier les initiatives d’éducation et de sensibilisation.

L’engagement de REGED malgré la suspension de l’aide

Pendant la séance, la coordinatrice de Reged a rassuré les participants de la détermination de son organisation dans la recherche du financement pour la lutte contre les inégalités et les violences faites à la femme et la jeune fille.

« Malgré la suspension de frais par les États-Unis d’Amérique nous ne croiserons pas les bras, mais nous allons chercher des mécanismes pour lutter contre la violence « , a déclaré Espérance Makanza.

Les jeunes déterminés à se mobiliser pour ne pas laisser cette mesure freiner leur travail

Reged a appelé à une mobilisation communautaire accrue, soulignant que les femmes et les filles de l’Ituri peuvent toujours surmonter les obstacles si elles sont soutenues par des initiatives locales, la solidarité et des partenariats avec les acteurs de la société civile. Le rôle de la jeunesse dans ce combat est essentiel, et l’événement a permis de renforcer l’engagement de la nouvelle génération dans cette cause.

Il est important de rappeler que le gel de l’aide américaine au développement représente une crise pour la lutte contre les inégalités de genre en Ituri, mais il peut aussi devenir un catalyseur pour une nouvelle dynamique. L’événement organisé par Reged a montré qu’en dépit des défis financiers, il existe des solutions locales viables qui, si elles sont soutenues et renforcées, pourraient non seulement pallier à l’absence de financements externes, mais aussi créer une autonomie durable pour les femmes et filles d’Ituri. L’avenir de la lutte pour l’égalité des sexes en Ituri réside dans la capacité des communautés à s’adapter, à innover et à travailler ensemble.

Yolande Isosia

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