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Insécurité sur la route Bunia-Mongbwalu : l’hypocrisie et le manque de volonté, c’est la population qui en pâtit

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Par la Rédaction

Il n’y a pas longtemps, la population fréquentant la route Bunia-Mongbwalu commençait déjà à oublier tous les maux qu’on pouvait subir sur ce tronçon long de 85 kilomètres dans le territoire de Djugu. Mais depuis quelques jours ou semaines, ceux qui empruntent cette route n’ont pas la certitude d’arriver à destination à cause de nombreux cas d’enlèvements et de tueries déjà enregistrés depuis le début de cette année 2024. Malheureusement, aucune initiative ou aucune mesure n’est encore prise ni par les leaders communautaires encore moins par les autorités pour trouver solution à cette hémorragie au risque de créer de l’anémie sécuritaire.

Des cas d’enlèvements signalés, CODECO et MAPI/ZAÏRE pointés du doigt

Au mois de février dernier, des civils ont été enlevés par des hommes armés sur l’axe routier Kobu-Kilo. Kobu un centre commercial du secteur de Walendu-Djatsi est à quelques kilomètres seulement de Kilo, un centre du secteur de Banyali-Kilo. Des cas d’enlèvements dénoncés par des acteurs socio-politiques et les forces vives. Le plus médiatisé est celui du directeur de l’école primaire Zubula de Mongbwalu enlevé par des hommes armés identifiés à certains éléments membres de la milice CODECO avant d’être relâché quelques heures plus tard après paiement d’une somme d’argent, malgré l’intervention de quelques responsables de cette milice, avait-on appris de nos sources.

Certaines mesures sécuritaires avaient été prises, indiquent nos sources, pour rassurer la population de sa libre circulation sur cette route. A cette période, des recommandations ont été formulées pour espérer ne pas vivre encore ce cas de kidnapping qu’on avait déjà oublié. Malheureusement non prises en compte. Et parmi ces recommandations, on note celle demandant une assise, à laquelle des autorités sécuritaires prendraient part, entre les responsables du groupe armé CODECO basés à Kobu et ceux du groupe armé MAPI/ZAÏRE de Kilo. Des responsables qui devraient être accompagnés par des notables et la société civile de chacune de ces entités.

Une rencontre dans laquelle certaines vérités seraient dites si les participants y prenaient part sans leurs masques d’hypocrisie. Ce phénomène de kidnapping n’a pas empêché les deux camps de s’accuser mutuellement d’être à la base de l’insécurité sur la route Bunia-Mongbwalu.

La goutte qui semble avoir fait déborder le vase est l’enlèvement d’un Taximan-moto de Kobu du nom de Budza, le vendredi 15 Mars 2024. Selon le président de la société civile de Kobu, Germain Lombuni, ce motard a été enlevé à Kilo après avoir déposé deux clients en provenance de Mongbwalu où il avait amené un autre client transporté à partir de Kobu. Selon lui, les jeunes de Kilo auraient emmené le taximan-moto vers Licey dans le secteur de Banyali-Kilo. Une version rejettée par la société civile de ce secteur. Jean-Robert Basiloko, son président, qualifie de faux fuyant la déclaration de son collègue de Kobu, car la région de Licey est l’une des entités contrôlées par la milice CODECO.

Des habitants de Kobu et Bambu voulant voyager sur Bunia, craignent pour leur vie

Pendant que la société civile de Kobu et certains leaders de la communauté Lendu continuent de réclamer la libération de leur membre s’il serait encore en vie ou la remise de son corps s’il a déjà été tué, ce qui est une hypothèse probable, selon eux, et la restitution de sa moto; la situation sécuritaire sur cette route s’est véritablement dégradée.

Les habitants de Kobu, Bambu et toute la population d’obédience Lendu se plaignent des difficultés qu’ils ont pour aller à Bunia ou quitter Bunia pour Kobu – Bambu (une entité aussi du secteur de Walendu-Djatsi). Ils dénoncent l’érection des barrières par des jeunes qui vérifient des cartes d’identités de tout passant à Nizi, Iga-barriere et à Centrale. Les véhicules des commerçants de Bambu et de Kobu seraient stationnés à Bunia par peur d’être arrêtés à ces endroits, rapportent nos sources. Ce que certains notables de Iga-barriere contactés, démentent, rassurant que la circulation est libre pour tout véhicule et toute personne et que ces commerçants ne devraient donc pas avoir peur.

Au moins quatre personnes déjà tuées par des hommes armés

En l’espace de cinq jours seulement, l’on a enregistré deux cas d’embuscades tendues par des hommes armés. Le premier cas est celui survenu le lundi 25 mars 2024 au niveau de Bwanga à une dizaine de kilomètres de la commune rurale de Mongbwalu en secteur de Banyali-Kilo. Un taximan-moto et un militaire FARDC qu’il transportait, ont été tués. Certaines sources accusent les éléments de la milice MAPI appelés Djamukula Batu dans la région qui seraient des auteurs tandis que d’autres parlent de la milice CODECO qui serait en train de venger la disparition du Taximan, Budza de Kobu à Kilo. Le second cas s’est passé ce vendredi 29 mars entre Poïpo et Matete à l’entrée Sud de Mongbwalu qui a fait au moins deux morts dont un taximan-moto et cultivateur.

La prise de conscience des leaders communautaires et responsables des groupes armés engagés pour la paix

C’est à ce moment que l’on devrait sentir la mobilisation des leaders communautaires de deux côtés pour trouver solution à cette insécurité sur la route Bunia-Mongbwalu. Des leaders prêts à privilégier la paix, la réconciliation et le vivre ensemble pour le développement du territoire de Djugu longtemps caractérisé par les guerres à connotation tribale. Des groupes armés qui violent leurs propres signatures d’actes d’engagement pour la cessation des hostilités dans la région devraient être rappelés à l’ordre. C’est malheureusement le contraire que l’on constate.

La responsabilité de l’Etat exigée

Les autorités sécuritaires doivent appeler au tour d’une même table, les responsables de ces groupes armés, les leaders communautaires et sociétés civiles pour un dialogue à bâton rompu. Ne pas le faire aussi, ce serait encourager le mal qui se fait sur cette route. Parce qu’aussi longtemps qu’une rencontre ne se fera pas pour chercher à comprendre le pourquoi de cette escalade de l’insécurité sur la route Bunia-Mongbwalu, cette situation sera loin de trouver solution.

Elle risque plutôt davantage se dégrader. Et c’est la population qui va en souffrir. Il y aura faible fréquentation de la population sur cette route, peu d’entrées des marchandises à Mongbwalu, ce qui pourrait entraîner la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché.

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IK - Ituri Kwetu

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