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Ituri : Exposition des présumés malfaiteurs, la présomption d’innocence bafouée (Analyse)

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Depuis l’avènement de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu, beaucoup de présumés criminels arrêtés sont présentés au public par les autorités politiques et sécuritaires à la tête de ces deux provinces voisines. Mais au regard de cette pratique adoptée par la classe dirigeante de cette administration spéciale en Ituri par exemple, de notre lecture nous tirons, d’une part, que c’est une stratégie pour décourager des malfaiteurs de leurs actes inciviques et d’autre part, c’est une manière où l’administration provinciale cherche à gagner la confiance de sa population.

Cependant, se basant sur les textes de droits et de diffusion, nous essayons de comprendre avec des analystes juridiques et de la communication, les prescrits de la loi et des normes dans pareille circonstance.

Analyse juridique

Dans un angle technique, des jurisconsultes soutiennent que le droit à la présomption d’innocence est un principe sacro-saint d’un État de droit, garanti par plusieurs textes juridiques nationaux et internationaux de base parmi lesquels la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), les textes de la zone Afrique sous les auspices de ce qui était l’Organisation de l’Unité Africaine, aujourd’hui Union Africaine, mais également la constitution de la République Démocratique du Congo.

Le Chef des Travaux en Droit et avocat de carrière, Lolo Bithum pense que sur le plan de droit, « ce n’est pas le fait d’être accusé qui fait de vous directement un coupable. Il y a eu toute une procédure [à suivre]. D’où, il faudra que le tribunal devant lequel vous serez déféré puisse statuer dans un procès équitable où l’on vous permette de vous défendre et ce n’est que lorsque ce tribunal aura rendu une décision qui doit être irrévocable, ne doit plus être susceptible de recours.» Dans ce cas si « vous êtes condamné, là vous êtes coupable.» Toute poursuite n’aboutit pas nécessairement à la condamnation.

S’agissant de l’angle pédagogique, cet expert estime qu’il est important, dans le cadre de dissuasion, de prouver aux yeux de tous que l’administration politique et sécuritaire fait bien son travail. Cet acte vise à renforcer la confiance des gouvernés envers les gouvernants.

Aspect communicationel

Après leur arrestation, très souvent ces présumés criminels sont présentés devant les caméras des journalistes. C’est dans ce contexte que ces chevaliers de plumes doivent jouer au professionnalisme tel que pense le journaliste Joska Kaninda. Il interpelle, cependant, la conscience de ses confrères surtout ceux des médias audiovisuels et en ligne, au professionnalisme pour ne pas tomber dans une faute professionnelle.

Pour lui, « il faut observer une certaine réserve, un peu de prudence» pour ne pas violer cette règle juridique de la présomption d’innocence des prévenus. « Des journalistes doivent fournir un effort pour ne pas diffuser de manière précipitée des images et noms de gens» sans se référer aux normes du journalisme. Sinon, c’est une «faute professionnelle.»

Malgré tout, la présomption d’innocence doit être d’application

Si la présentation des présumés malfrats a un caractère dissuasif, pour les autorités politiques et militaires, il appartient à ces dernières de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger la présomption d’innocence des personnes arrêtées. Pareil pour les journalistes qui doivent s’atteler fermement au respect strict des normes de leur métier afin de ne pas empiéter aux droits d’autrui.

Ituri Kwetu & Tazama RDC

Rédaction

Un collectif des blogueurs regroupant des jeunes journalistes, étudiants, analystes et intellectuels passionnés de l’écriture et de nouvelles technologies de l’information et de communication.

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