La vidéo montrant une livraison des colis en brousse par un hélicoptère blanc, ne concerne pas la Monusco

Depuis un certain temps, circule sur les réseaux sociaux, une courte vidéo amateure (2 minutes 34) montrant un hélicoptère de couleur blanche atterrir pour ravitailler un groupe des jeunes dans une savane.

Dans la vidéo, on y voit un homme de la race blanche, probablement le pilote de l’appareil, descendre puis ouvrir la porte du poste de pilotage et celle de la cabine arrière. Sans arrêter la moteur, l’homme blanc fait descendre de colis contenus dans de sacs pour touristes. Vraisemblablement, ils contiennent des vivres car dans cette vidéo, on aperçoit clairement la bouteille d’une boisson gazeuse.

On y remarque également la présence de 6 autres personnes, aidant à décharger le contenu de l’hélicoptère. Cliquez sur le lien suivant pour voir cette vidéo d’archive :

https://www.perma.cc/LTM3-SFR2

Est-ce un appareil volant de la Monusco ?

Loin de nous l’intention de défendre cette mission onusienne. Mais il est connu de tout le monde que les couleurs peintes sur leurs engins sont noire et blanche. Alors en écoutant un message audio, qui accompagne cette vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, surtout la messagerie WhatsApp, un quidam accuse ainsi la Monusco de ravitailler les rébelles ADF (Allied Démocratic Force). Ce qui pousserait le public non avisé de conclure anticipativement que c’est un hélicoptère de la mission d’organisation des nations unies au Congo (Monusco).

Pourtant l’engin volant, dont il est ici question, porte une immatriculation non claire au niveau de la poutre de queue. Avec ça, il est quasiment pas facile de détecter ces numéros d’immatriculation, pour l’attribuer aux casques bleus de la Monusco.

En outre, tout engin roulant ou volant de cette mission onusienne portent au préalable la mention United Nations (UN en abrégé), mais cet aéronef ne porte même pas cette insigne.

Tout mouvement des aéronefs est contrôlé

Aucun aéronef, de la Monusco soit-il, ne peut décoller ou atterrir dans un aéroport de la République Démocratique du Congo (RDC), sans qu’il ait reçu l’avis des services techniques et sécuritaires, rapporte une source sûre de la régies des voies aériennes (RVA) de la RDC. Une information qui corraborre les propos de Jean Tobi OKALA, un cadre civil de la Monusco, qui affirme :

« Tout aéronef de la Mission qui décolle ou atterrit (de) quelque part en RDC est préalablement signalé aux différentes autorités et aux différents services de sécurité : FARDC, PNC, DGM, RVA, Agence nationale de renseignements, Gouvernements provinciaux, etc.»

L’origine de la vidéo

A en croire nos confrères des observateurs de France 24, cette même vidéo a été aussi partagée le 10 décembre dans de très nombreux groupes maliens sur Facebook prétend montrer un hélicoptère “ravitailler des terroristes” et accuse la France d’être derrière cette opération. Mais la vidéo, qui a aussi circulé au Nigeria en prétendant montrer un ravitaillement de Boko Haram, a en fait été filmée dans un parc national en Centrafrique. C’est une opération de réapprovisionnement de routine.

En observant davantage la vidéo, il est cependant possible de repérer un indice capital : un logo visible sur l’hélicoptère, ainsi qu’un numéro, difficilement discernable, à l’arrière.

Après une enquête conjointe entre Les observateurs de la France 24 et BenbereVerif, organe de vérification des informations au Mali, ce logo a été identifié : il s’agit de celui d’ “African Parks”, une organisation non gouvernementale axée sur la conservation de la nature basée en Afrique du Sud, mais qui administre 19 parcs partout sur le continent africain. Ce logo se retrouve sur des images d’hélicoptères similaires disponibles sur les réseaux sociaux.

Ainsi nous disons, sans faire partie du conseil juridique de la Monusco, que nous ne trouvons pas commode la pratique de certains sujets voulant porter atteinte à cette organisation tout comme à n’importe laquelle ou à n’importe qui, en distillant des vidéos et des audios, la plupart de cas, sortis de leur contexte afin manipuler l’opinion publique.

Rédaction