🔴L’église sanctionne! • L’évêque diocésain de Bunia clôt deux églises de Djugu, « abusées » par la Codeco

Par la Rédaction

Deux églises du diocèse catholique de Bunia (Ituri) au nord-est de la République Démocratique du Congo, viennent d’être « closes ».

Monseigneur Dieudonné Uringi, évêque catholique de Bunia, l’a déclaré ce dimanche 22 septembre 2024 lors d’une messe qu’il a dite à la cathédrale Notre Dame de Grâce Mudzi-Maria.

La paroisse catholique de Jiba et le secteur d’implantation pastorale de Kpandroma situés en secteur de Walendu-Pitsi dans le territoire de Djugu, sont les deux lieux de culte catholique victimes de la décision de Monseigneur l’évêque ayant leur contrôle dans ses attributions.

«[…] la paroisse de Jiba et le secteur d’implantation de Kpandroma… Nous allons retirer les prêtres qui y sont affectés», a annoncé Monseigneur Uringi (propos tenus en swahili dont nous vous traduisons).

La contrition, la repentance des Codeco, d’une nécessité (Mgr Uringi)

Dans son adresse, le prélat du diocèse de Bunia n’ignore pas les conséquences de sa décision – de fermeture de ces églises, – notamment en défaveur des personnes âgées et autres fidèles catholiques des contrées essuyant cette sentence, qui se verront dorénavant, contraints de vivre sans prêtres ni églises.

Cependant, en dépit de son altruisme, pour Mgr Uringi, ces églises (fermées), ne se rouvriront que jusqu’à ce que les Codeco (Coopérative pour le développement du Congo) se ressaisissent, tout en prononçant leur repentance.

A lui de poursuivre, «les chrétiens de là peuvent prier dans leurs différents secteurs…, cependant, sans sacrement… Dans les paroisses, pas de prêtres, les portes sont fermées : pas d’activités».

De cette décision, l’évêque de Bunia étaie sa décision

«Personne n’a le droit de s’en prendre à l’église, ni aux prêtres, ni nuire à l’église. S’ils se prennent pour des dieux, c’est bien. On verra! Certes, les gens souffriront : les vieillards hommes, femmes, sans sacrements. Mais, ils doivent se mettre à réfléchir entre eux. Puisque leur comportement est indigne aux lois de l’église», s’afflige le prélat.

Dans la foulée, l’évêque appelle à une prière commune pour ceux-là.

«Aucun groupe n’a l’autorisation, ni Codeco, ni Zaïre, ni Chini ya kilima, ni Chini ya tuna, ni FRPI : ils n’ont pas l’autorisation de toucher à l' »Ecclesia » […]».

Voilà maintenant plus de vingt ans des conflits à Gety (Walendu-Bindi), «[la milice] FRPI ne s’en n’était jamais prise à l’église,[…], a rappelé Mgr l’évêque de Bunia. «Mais, si nous, nous commençons à accéder aux maisons des prêtres, prendre des biens, sceller des églises,… Maintenant, c’est nous-même qui les fermons. Nous verrons quand les rouvrir,… en attendant la conversion de leur cœur : rempli de foi et de paix,… Nous devons ainsi prier pour eux et pour notre diocèse de Bunia [quasi-équivalent à la province de l’Ituri] qui s’embourbe par manque de foi».

De la genèse ayant conduit à ces conséquences : décision de l’évêque

Dans sa déclaration de ce dimanche, l’évêque de Bunia revient à démi-mot à la pentateuque de l’accrochage Église-Codeco.

«Ils ne veulent pas qu’on leur dise: arrêtez avec la guerre, arrêtez les querelles, tueries, destructions,… Ils ne veulent pas de cela. Ils veulent toujours continuer, comme avant, avec les violences, les démolitions, massacres, …».

Pour mémoire, en date du 23 août 2024, le média bunia-info24.net avait rapporté « qu’au cours de la célébration eucharistique d’une double cérémonie le jeudi 22 août (confirmation et fête patronale à la paroisse Sainte Marie-Reine de Jiba) », les propos frontaux de Mgr Dieudonné Uringi à certains leaders de la Codeco dans la zone:

«Comme dit Saint Paul, marchez sous l’impulsion de l’esprit saint et vous n’accomplirez pas les œuvres de la chair. Ne soyez pas comme ceux-là qui n’ont plus le respect envers les consacrés, les prêtres, l’évêque et même envers la vie elle-même […]. Allez donc dire à Bassa, Charité et les autres que la vie humaine est sacrée », propos de l’évêque, relayés par bunia-info24.net.

Consécutivement aux propos de Dieudonné Uringi, le 29 août 2024, les miliciens de la Codeco qui avaient mal digéré le message du prélat, avait alors procéder au scellage des portes de l’église de la paroisse de Jiba et celle du secteur d’implantation pastorale de Kpandroma, en secteur de Walendu-Pitsi.

Ces chapelles qui avaient été fermées à clé, ont pu se rouvrir le 10 septembre 2024, «grâce aux démarches entreprises et négociations menées», avait affirmé l’administrateur policier de Djugu.