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Décès inopiné du grand théologien iturien, le « savant » Benezet Buju : des hommages s’en suivent

Par la Rédaction

L’abbé, professeur et écrivain, Benezet Buju, est mort le 9 novembre 2023 à Fribourg, à l’âge de 83 ans. Originaire de la province de l’Ituri située dans la partie nord-est de la République Démocratique du Congo, professeur émérite de l’université de Fribourg, il était également vice-recteur de cette institution. A cet alma mater, il a enseigné la théologie morale, l’éthique sociale et la théologie africaine, Bénézet Bujo avait été auparavant professeur à la Faculté de Théologie de Kinshasa et professeur invité dans de nombreuses institutions, a-t-on appris. Depuis la nouvelle de son décès inopiné, des hommages fusent tous azimuts et tiennent pour sincères la perte d’un crâne solide. Spécialiste de la «théologie africaine», Benezet est auteur de plusieurs livres théologiques édités en différentes langues et répandus dans diverses bibliothèques universelles.

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Ses livres, il y en a, certes, autant et si nous ne pouvons connaître quel nombre avait-il écrit, néanmoins nous sommes parvenus à palper du doigt ces quelques que nous vous présentons en images.

Aussitôt appris l’information de l’instinction inattendue de celui que d’aucuns prenaient même pour « savant », des messages ont aussitôt commencé le tour de la toile. Mais pas seulement.

Dans une série de recueil des souvenirs et mots hommages que ITURIKWETU.NET a initié en mémoire de ce géant théologien africain et brillant, nous avons eu des rencontres/contacts avec quelques personnes de l’église en vue qu’elles nous accordent des interviews sur M.Benezet.

Monseigneur Sostène Ayikuli, évêque du diocèse de Mahagi-Nioka, nous a affirmé sa connaissance de l’abbé défunt marquant par «son humilité», «sa facilité d’entrer en contact avec les gens», «sa facilité de communication malgré ce qu’il est, était reconnu mondialement». L’abbé Benezet «c’était un homme qui avait une grande passion pour Dieu lui-même, comme théologien, faisait partie de vrais théologiens», reconnait ce prélat. Pour Monseigneur Sostène, Benezet était «un homme de foi et de prière […]».

Le recteur de l’Institut Supérieur des Sciences Religieuses, ISSR (Catéchèse) de Bunia, l’abbé Dieudonné Adubango, garde le souvenir :

«[…] d’une tête assidue au travail et d’un homme de grande valeur».

Le patron de l’ISSR regrette la disparition de l’abbé Benezet et pourrait-il aimer encore, dit-il, «que l’homme puisse continuer à réfléchir». Il se souviendra autant d’«un homme qui aime vraiment l’Afrique comme on ne l’a jamais connu encore».

Du côté de l’Afrique de l’est, à partir de Nairobi au Kenya, Monsieur l’abbé Afred Buju voit, lui, perdre, d’une certaine manière, un inspirant homme.

«[…] j’étais étudiant au grand séminaire, au théologat Saint-Syprien de Bunia, j’ai senti son influence sur moi. Par rapport à ses écrits. Et j’ai été influencé par son usage de la langue locale dans ses écrits académiques. En l’occurrence, des mots swahili, des mots en « kilendu »». Ce clergé séculier affirme avoir eu le temps de connaître suffisamment la personne de l’abbé Benezet «[…] intellectuellement dans mon cours de la théologie de l’acculturation au théologat Saint-Syprien».

Poursuivant:

«[…] faisant suite de cette influence, j’ai eu même à utiliser dans mon travail, certains mots en swahili comme « mazingira », pour parler de contexte…et c’était facile à comprendre».

Et ce n’est pas tout. L’abbé Afred Buju ajoute:

«[…] de lui, j’ai appris encore un autre mot: « utamadunisho » qui vient de « utamaduni », pour dire inculturation».

Le désormais ancien vice-recteur de l’université de Fribourg est tout de même reconnu comme un des pionniers de la théologie africaine. Dans sa théorie de cette première, il a beaucoup valorisé la culture africaine en général, congolaise et Hema/Lendu en particulier, apprend-t-on.

S’accordant la permission de citer «l’un des héritages intellectuels et théologiques» du regretté, le séculier poursuivant ses études dans ce pays est-africain, cite le livre de Benezet publié en 2021:

«La vision africaine du monde, l’enseignement social de l’église sans la loi naturelle». Pour son lecteur ci-dessus, ce livre constitue même «un de ses testaments pour adresser le problème crucial que traverse la RDC, NDLR, en général et la province de l’Ituri, en particulier : le problème de justice, de paix et de réconciliation».

L’abbé Dieudonné Londjiringa, lui, temoigne: «ce qui pourrait être intéressant dans la vie de cet homme de Dieu, c’est qu’il était vraiment un homme épris d’amour pour l’église».

Renchérissant:

«[…]’est cela même qui transparaît très clairement dans tous ses écrits théologiques et spirituels, et celà dans une simplicité, une humilité remarquable. Il est capable d’aborder tout le monde».

Par ailleurs, outre le cercle de clergés, Emmanuel Mateso Losha, Professeur à l’Institut Facultaire des Sciences de l’information et de la Communication (IFASIC) à Kinshasa, nous a exprimé, pour sa part, sa proximité avec le désormais feu Benezet. Il regrette «un intellectuel de haut vol, un grand théologien qui a, à son actif, des recherches remarquées dans son domaine de la théologie».

De particularité à ses recherches, le Professeur Mateso remarque que l’homme «a eu à identifier les caractéristiques africaines de la foi chrétienne l’ayant amener à relire les enseignements de l’église tout en étant soucieux de mettre ces enseignements en adéquation avec le vivre africain, avec la culture africaine.»

Néanmoins, le témoin n’hésite pas de nous partager son intérêt personnel auprès de celui qu’il considère comme « savant ». A ses yeux, «l’abbé Benezet est un homme très bon, très simple aussi. Tout le monde le sait d’ailleurs, les savants sont des gens, d’habitude, plus abordables que le commun des mortels».

Et, toujours d’après  ses témoignages, l’homme qui nous a quittés était un homme très soucieux des gens, de leur santé, capable d’organiser des séances de soutien aux siens au travers des chaînes de prière lorsqu’il pourrait entendre qu’ils étaient souffrants.

De circonstances de sa mort

En date du 12 novembre, la rédaction ITURIKWETU.NET s’est lancée dans un exercice d’entrer en contact avec un certain nombre de personnes lui supposées proches où tout simplement, celles chez qui nous avons estimé trouver une certaine précisions sur les circonstances de la mort de ce cerveau théologique iturien, congolais et africain. Voici quelques-unes de leurs déclarations, en attendant les probables précisions prochaines de l’évêque du diocèse de Bunia, en marge de la célébration de messe, samedi, jour de mise à terre préalable de la dépouille.

Tout dernièrement, en date du 20 novembre 2023, nous avons plutôt contacté Monseigneur l’évêque du diocèse frère, celui de Mahagi-Nioka, Monseigneur Sostène Ayikuli qui séjourne à Rome (Italie). Ce dernier nous a laissé savoir via internet :

«[…] à peine ai-je appris qu’il était tombait et qu’il était en état comateux et je cherchais à en savoir plus, l’on me dira qu’il était passé de ce monde au Père. Je n’ai plus fait de recherches».

A un autre contact à partir de Kinshasa, capitale congolaise, de nous dire:

«J’échangeais avec l’abbé Benezet assez régulièrement, mais ces dernières années, il était un peu plus discret et probablement, la maladie avait commencé à faire son œuvre. Il était un peu plus distant que d’habitude…Nous avons appris son décès de manière assez brutale… Tout ce que je peux dire, c’est qu’en amont, il n’a pas été malade très longtemps, nous a confié Emmanuel Mateso Losha, Professeur à l’IFASIC.

A cette même date, le supposé un des proches, « pots », du feu abbé Benezet, ayant eu de multiples rencontres avec lui, le Professeur Dieudonné Adubango, recteur de l’Institut Supérieur des Sciences Religieuses (Catéchèse) de Bunia, nous a laissé entendre :

«[…] on a juste entendu qu’il était tombé et on l’a conduit à la clinique universitaire et s’en était fini avec lui».

De ses innombrables qualités exceptionnelles rencontées dans la série de témoignages, l’église catholique enregistre une grande perte d’une personne irremplaçable à son sein. Cependant, les seuls héritages demeurent ses écrits théologiques dont le monde pourra se servir pour modèle à imiter en vue soit de l’incarnation de cette personne de multiples qualités.

Le diocèse catholique de Bunia pleure en effet l’un de ses prêtres, brillant théologien de renommée internationale. Né en 1940 dans l’Ituri (nord-est de la RDC), décédé le 9 novembre 2023, l’abbé Benezet Buju sera enseveli provisoirement, le 25 novembre prochain à Fribourg en Suisse, et une messe mémoriale sera dite à la cathédrale du diocèse de Bunia, par Son Excellence Monseigneur Dieudonné Uringi.

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