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Ituri : le lancement de désarmement et démobilisation des miliciens face aux multiples contraintes pour sa réussite (Analyse)

Par La Rédaction

Le lundi 17 avril 2023, marquait le début effectif du désarmement et de la démobilisation des combattants des groupes armés en Ituri. C’est au site de Diango, en territoire d’Irumu où s’est passée la solennité. De l’occasion, les deux Songambele, autoproclamés généraux, l’un de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) et l’autre du Front Patriotique, Intégrationniste du Congo (FPIC) ont remis des armes et hommes entre les mains des animateurs du Programme de Désarmement, Démobilisation Réinsertion Communautaire et Stabilisation (PDDRCS).

Est-ce une victoire pour le gouverneur militaire ?

Quand bien même c’est un programme autonome, toutefois n’empêche que le gouverneur militaire en dise mot. L’histoire retiendra que c’est sous l’État de siège et l’égide du Général à trois étoiles, Luboya Nkashama, que :

1. Des groupes armés ont signé des cessez-le-feu malgré la continuité de tueries;

2. Des combattants ont commencé à déposer des armes.

Avec la politique de la gestion publique, personne ne peut refuser qu’un tel bilan ne soit mis à son compte.

Quand des doutes planent sur la réussite du P-DDRCS en Ituri

D’aucuns n’ignorent que ce programme de désarmement et de démobilisation des miliciens reste le souhait le plus ardent des ituriens et de tous les congolais. Par conséquent, il doit être réfléchi et bien accompagné par le gouvernement de la République et ses partenaires. Chaque processus doit passer au peigne fin. Avec le P-DDRCS « made in Ituri » pour ne pas l’extrapoler, nous évoquons tout de même certains points qui inquiètent :

1. Aucune motivation financière directe aux combattants ;

Comparativement à l’exécution précédente des programmes de désarmement, le P-DDRCS intervient avec l’approche rémunérative indirecte aux miliciens. Ceci veut dire qu’il n’y aura pas un franc congolais qui sera remis directement aux combattants. Tenez, ces derniers ont pris des armes pour voler, piller, creuser des minerais et autres raisons, alors le déroulement de ce processus sans une compensation directe est un péril à cette démarche de paix.

2. Manque des opérations militaires de grandes envergures

Deja, il n’y a aucune motivation personnelle. En cela on ajoute l’absence d’une stratégie militaire pour forcer ces combattants à rendre leurs armes. Il est important que le gouvernement relance des offensives militaires pour les pousser à déposer effectivement les matériels militaires qu’ils disposent. Sinon, seules quelques têtes de miliciens viendront de leur propre gré.

3. Doute d’une imminente attaque de la milice adverse

Quel groupe milicien déposera les armes en premier ? Comment se protégerait-il en cas d’attaque de ses « ennemis » ? Quelles sont les mesures prises pour renforcer la sécurité des démobilisés ? Voilà autant des questions qui doivent interpeller. Sans ce minimum, le processus de désarmement et démobilisation entamé, serait une peine perdue pour l’Ituri.

4. Faible sensibilisation

Tous ces miliciens sont disséminés dans des communautés. Le programme devra nouer des contacts avec des leaders communautaires locaux, en l’occurrence, des députés provinciaux. Ils maîtrisent leurs entités et peuvent véhiculer des messages de sensibilisation dans leurs langues vernaculaires bien qu’ils soient en veilleuse en raison de l’état de siège.

5. Sélection subjective des organisations pouvant accompagner ce projet

Le gouvernement devra bientôt sélectionner des organisations non gouvernementales qui appuieront les activités de désarmement. Cette opération ne devra pas arriver au hasard. Il va nécessiter de tenir compte de l’influence de ces organisations sur les communautés locales.

Eu égard à tout ce qui précède, que cette question essentielle de paix en Ituri, soit prise au sérieux par le gouvernement. La province de l’Ituri est dans le bain de sang depuis plus de deux décennies. Des faiblesses constatées sur ce programme, devraient être ipso facto renforcées par des meilleures stratégies afin de convaincre les combattants armés. Aux animateurs du P-DDRCS, de faire participer tous les ituriens dans la réalisation de ce programme pour la réussite de leurs missions. Aux ituriens, de se saisir cette opportunité pour laver leurs linges sales en famille.

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