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Ituri: les femmes dans les conflits armés, où sont-elles ?

Par Prisca Mongita 

Les femmes citées maintes fois comme victimes dans les conflits armés de l’Ituri sont bien aussi actives que passives. Femmes kidnapées, violées, mutililées ou carrément tuées, vous en déduirez vous-mêmes à la suite d’une quelconque attaque des rebelles. Mais tout comme l’on dit, les femmes sont partout, même dans les camps de l’ennemi, elles y sont et pas que comme esclaves sexuelles.

Sans vouloir évoquer la guerre d’il y a deux décennies, les conflits de 2017 à nos jours, c’est-à-dire à ce mois de juin 2023, d’après certaines sources d’enquêtes sûres, les femmes existent bien dans les camps des rebelles et opèrent ensemble.

Que nous révèle le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme en RDC?

D’après le recent rapport du BCNUDH sur la situation dans les territoires de Djugu, Irumu et Mahagi dans la province de l’Ituri, parlant du mode opératoire des attaques des mililices de la Codeco jugé «similaire et soigneusement planifié», ces attaques ne sont pas que commises par la gente masculine.

«Elles ont été menées par des groupes comprenant des hommes, des femmes et des enfants, portant des armes à feu et des machettes, et ont donné lieu à des meurtres, des blessures physiques par balle ou machette, des pillages et des incendies d’abris et de biens appartenant à des personnes déplacées», peut-on lire à la quinzième et seizième page de ce rapport.

Quid de Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation?

La plupart d’entre nous avons été temoins lors du lancement officiel du P-DDRCS, le lundi 17 avril dernier au site de Diango à Bunia. Parmi les 108 combattants ayant deposé les armes, 6 femmes et 4 enfants ont été notés. Tout porte à prouver l’existence des femmes et aussi des enfants dans des groupes armés.

Qu’est-ce qui motiverait les femmes à intégrer les groupes ?

La raison, il n’y en a pas qu’une. D’après les recherches menées par (Justin Sheria Nfundiko: lien renvoyant à l’article scientifique) en 2015 au Sud-Kivu, cet assistant d’université à l’époque a recueilli les témoignages de 117 filles et femmes ex-combattantes revelant les raisons de leur adhésion au sein des groupes armés. Au-delà du recrutement forcé à travers les kidnappings, elles ont parlé de l’adhésion volontaire pour faire preuve : du patriotisme afin de protéger le territoire national, de vengeance pour faute de tueries de leurs proches, de lutte face à l’extrême pauvreté pour la majorité, de la recherche de mari pour certaines et de developper l’estime de soi pour d’autres.

Certaines de ces raisons s’appliquent aussi pour le cas de l’Ituri. Si les femmes ne sont pas que victimes, mais sont aussi actrices dans les conflits en Ituri, démontrées plusieurs fois comme ravitailleuses des munitions et/ou des médicaments et autres necessités. D’autres sources nous révèlent également qu’elles y jouent le rôle de femme de ménage, de transporteuse des butins de guerre ou carrément de celles qui repondent aux besoins intimes des hommes au sein des groupes armés.

«Où sont les femmes?»

Nous le savons. Cette question est chère à la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies nies sur les femmes, la paix et la sécurité. Mais, la question nous revient lorsque nous analysons les différents processus de paix déjà abordés par le Gouvernement congolais. Dans l’Accord d’Addis-Abeba ou encore à la rencontre de Naïrobi, les femmes étaient présentes. L’Accord de Luanda également, mais aux noms des victimes. Au recent dialogue intergroupe armé à Aru, les figures les plus emblématiques des femmes ayant participé sont celles de Madame Pétronille Vaweka en tant que facilitatrice. Et une autre femme qui, cette fois dans la délégation des groupes armés.

Mais faudra encore évaluer le niveau de préparation des femmes dans ces assises, bien qu’existantes dans l’une ou l’autre rencontre.

Aller au-delà d’inviter les femmes dans les assises de paix

C’est l’épicentre des préoccupations du Fonds des Femmes Congolaises (FFC) dépuis avril dernier. Pour une République Démocratique du Congo qui recourt aux pourparlers au profit de l’instauration et du maintien de la paix, préparer les femmes est une urgence pour contourner les failles.

Pour le FFC, la participation des femmes passe par :

« Comprendre les enjeux, connaître les, concepts et les contextes, prendre la parole et donner les propositions d’actions », a fait savoir Madame Thérèse Nzale, chargée de Programme de ladite structure au cours d’une rencontre réunissant les femmes militantes pour des actions de paix en Ituri vendredi le 2 juin 2023.

Sur ce, le FFC a initié la « Synergie des femmes pour la paix » en guise d’espace de discussion et de préparation pour les femmes qui, à la fois victimes et actrices dans les atrocités, passent de bénéficiaires aux participantes dans les mécanismes de paix.

Un espace à la fois présentiel et virtuel permettant aux femmes d’être plus résilientes grâce à la préparation pour la sécurité et la paix, mais aussi la gouvernance et le développement visant la sous région des grands lacs sous menaces des conflits armés.

Où doivent être les femmes ?

La volonté parfaite d’instaurer et de maintenir la sécurité et la paix en Ituri c’est d’outiller les femmes en la matière, puis de porter haut leurs voix. Point n’est besoin ici, d’une guerre d’idées, mais il est question d’inclusion sincère.

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