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Mon handicap physique n’est pas mental (témoignage).

Les personnes vivant avec handicap physique en République Démocratique du Congo en général et en province de l’Ituri en particulier sont souvent marginalisées, et cela malgré l’engagement du président de la République et son gouvernement à œuvrer pour la protection et la promotion des droits de la personne handicapée. Ici en Ituri, j’ai vu des intellectuels vivant avec handicap être écartés des appels d’offres à cause de leurs conditions physiques. J’ai rencontré aussi des handicapés physiques exceller dans plusieurs domaines de la vie où ils se sont spécialisés et où certains même se sont faits de noms de célébrités et d’autres encore ont su gagner confiance et considération au sein de la société. L’exemple que je vous partage ici, en est une illustration.

Roger Bamani, d’une trentaine d’âge, est un réparateur des appareils électroménagers au marché central de Bunia. Il est né avec une malformation de ses deux jambes. « Quand je suis né, mes parents n’avaient pas de moyens pour me faire soigner, j’ai grandi comme ça. Je ne pouvais pas marcher comme tout autre enfant. Mes parents ne pouvaient pas me scolariser, faute de moyens et j’étais toujours négligé par les autres » me dit avec désespoir, mon interlocuteur.

Comment est-il devenu réparateur ?

Dans la société où vivait Roger, il fallait avoir du courage pour subvenir à ses besoins. Ainsi, il décida un jour de quitter sa solitude et s’approcher d’un homme réparateur du milieu où il va y rester pendant un long moment pour apprendre ce métier de réparateur.

« J’avais à peine 10 ans à cette époque là quand je m’étais approché de l’un de nos voisins qui était réparateur des montres. Dans le but d’apprendre, j’étais obligé d’y aller chaque jour » précise monsieur Roger.

A force d’apprendre, Roger a développé le goût du métier au point qu’il est devenu lui-même réparateur.

 » Ma toute première montre à réparer était celle d’un frère de mon quartier qui avait été détruite par sa jeune sœur. »

La confiance se gagne et se mérite

Tout début n’a toujours pas été facile, dit-on et la confiance ne s’acquiert pas par hasard ou par lien parental. Et le réparateur Roger a dû montrer ses savoir-faire dans ce secteur pour que même sa famille lui fasse confiance. Déjà à l’âge de 15 ans, il a pu réparer un poste téléviseur de son oncle paternel.

« J’ai été mis devant l’épreuve pour prouver à ma famille que je n’étais pas celui-là qu’ils connaissaient.
Un jour, dans la maison de réparation de mon maître, mon oncle est arrivé avec son poste téléviseur de noir-blanc à l’époque. C’était juste pour me tenter, sachant que je n’y arriverai pas. Or pour moi, c’était une nouvelle expérience parce qu’auparavant je ne réparais que des montres et d’autres petits objets électroniques. Au grand étonnement de mon oncle, de mon maître et de moi-même, j’avais réparé le téléviseur. »

Grâce à son courage et détermination, aujourd’hui il gagne sa vie et arrive à pourvoir au besoin de sa famille qu’il a construite au prix d’un énorme effort et sacrifice, parce qu’il est arrivé même à s’acheter une parcelle. Ce qui me pousse à croire encore et toujours aux capacités des personnes vivant avec handicap, si et seulement si elles y croient aussi. Rester à ne rien faire, en se lamentant de ses conditions physiques, à mon avis ne fera qu’aggraver la situation.

Sors de ta sous estimation pour oser

C’est vrai que trouver de l’emploi pour des personnes à mobilité réduite est un casse-tête en Ituri tout comme dans le reste du pays, mais si chaque handicapé conscient de ses conditions physiques pouvait développer une autre faculté ou talent qu’il possède, nous aurions beaucoup de Roger qui gagneraient chacun sa vie en toute indépendance. Donc, nos conditions physiques ne doivent pas nous plonger dans le désespoir pendant qu’il y a, juste à côté, une issue pour s’en sortir.

Roger Bamani notre interlocuteur, nous rappelle encore qu’il n’existe pas de sots métiers mais plutôt qu’il y a de gens à faibles esprits qui négligent des travaux pourtant la fierté d’un homme réside dans ce qu’il fait et non dans ce qu’il a. Que l’expérience de Roger handicapé physique, inspire beaucoup de personnes vivant avec handicap physique qui ont perdu espoir et courage de tenter le terrain.

Par Sarah Abibo

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